Des dizaines de Palestiniens et de Jordaniens résidants en Arabie saoudite croupissent dans les prisons saoudiennes depuis l’an dernier, dont le responsable de liaison entre le royaume et le mouvement de résistance Hamas le médecin Mohamad al-Khodri (81 ans) et son fils.
Accusés de « soutien au terrorisme » par les autorités saoudiennes qui ont entamé le procès de 62 d’entre eux le 8 mars dernier, ils sont victimes de toutes sortes de torture physique et morale, a déploré l’organisation palestinienne pour les droits de l’homme, Chahed.
« Ce sont des hommes d’affaires, des ingénieurs et des universitaires », a-t-elle précisé dans un tableau qu’elle a dressé sur l’identité de 48 d’entre eux. Certains sont nés en Arabie saoudite, et d’autres au Koweït.
Vivant depuis de longues années dans le royaume, ils ont été victimes de plusieurs vagues d’arrestations, la dernière ayant eu lieu le mois de février dernier.
Selon Chahed, ils n’exerçaient aucune action hors du commun et l’accusation de « soutien au terroriste », leur est attribuée pour la simple raison que certains d’entre eux envoient de l’aide aux familles des martyrs palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupées.
« Les détenus jouissaient d’une bonne réputation en Arabie saoudite depuis plusieurs années », a précisé l’expert en droit international pour l’agence al-Quds Press, D. Anis Fawzi Qassem,
« Ils envoyaient cette aide au peuple palestinien au su et au vu des autorités saoudiennes qui les encourageaient », a-t-il affirmé.
Selon lui leur arrestation ne se base sur aucun principe juridique et va à l’encontre du droit international.
Faire pression sur le Hamas
Selon l’expert Souleimane Becharate, du centre Yabous pour les consultations et les études stratégiques, cette campagne d’arrestation est politique et ne se base sur aucune raison sécuritaire non plus.
« La preuve en est que certaines personnalités sont connues pour le rôle organisationnel qu’ils replissaient, avec l’autorisation des autorités saoudiennes. Tous disposent de séjour reconnu de la part du royaume », a précisé M. Becharate, pour al-Quds Press.
Leur arrestation est, d’après lui, liée au changement de position de l’Arabie saoudite de la cause palestinienne avec l’avènement du prince héritier Mohamad ben Salmane, de « sa politique de soumission aux Etats-Unis et de son engagement à faire part au plan de Trump », connu sous l’appellation de Deal du siècle, et destiné à liquider la cause palestinienne.
En capturant ces Palestiniens et Jordaniens, au lieu de les expulser de son sol, Riyad voudrait surtout faire pression sur le Hamas afin qu’il accepte le plan de Trump, estime M. Becharate.
En plus, les Saoudiens reprochent aussi à ce mouvement palestinien « ses liens avec le Qatar, la Turquie et l’Iran », a-t-il jugé. Sachant que ces trois pays sont les bêtes noires de l’Arabie.
Un déshonneur pour l’Arabie
Selon l’intellectuel palestinien Mounir Chafik, le procès de ces palestiniens est « un déshonneur » pour l’Arabie saoudite, car il s’inscrit dans son alignement au projet de Trump qui accorde aux Israéliens la totalité de Jérusalem al-Quds, où se trouve la mosquée d’al-Aqsa.
Qualifiant de « traitrise sans précédent » l’arrestation de ces gens qui vivaient depuis longtemps en Arabie et n’ont commis aucun acte grave, M. Chafik estime que le procès semble être « un message tacite (mais très clair) selon lequel l’Arabie saoudite, sous le règne de Mohamad ben Salmane se dirige là où le veulent les sionistes : le déracinement (des palestiniens), l’occupation (de la terre) et la judaïsation totale ».
« Les autorités commettent un crime, un péché, et une ignominie, non seulement à l’encontre des Palestiniens, des Arabes ou des Musulmans, seulement mais aussi à l’encontre de l’Arabie saoudite qui avait veillé dans le passé à ne pas les commettre », a-t-il aussi accusé.