Alors que la Russie a proposé une aide militaire à l’armée libanaise, celle-ci s’est vu obliger de refuser cette offre suite aux pressions américaines. Tel-Aviv regarde attentivement les évolutions des relations Russie/Liban. Une présence russe au Liban, après de longues années de guerre Résistance/Russie en Syrie, ne serait pas forcément une bonne nouvelle pour Tel-Aviv.
Le site israélien Breaking Israel News y voit même une menace pour Israël. En effet, la crise liée à la destruction de l’Il-20 au large de Lattaquié a durablement marqué les liens entre Tel-Aviv et Moscou, de sorte que les Israéliens semblent avoir perdu tout espoir d’une reprise de la coopération en Syrie.
Maintenant, c’est le Liban qui les inquiète: et si Poutine parvenait à créer une assisse solide au Liban, propre à y reproduire le modèle de coopération Moscou-Hezbollah en Syrie?
Il y a quelques jours le PM israélien prétendait vouloir transformer Israël en une artère gazière propre à assurer la fourniture du gaz dont a besoin l’Europe. Les analystes y ont vu un défi à l’adresse de la Russie.
Et bien Breaking Israel News reflète l’inquiétude israélienne de voir la Russie aider le Liban à recouvrir ses droits gaziers en Méditerranée : « La situation a commencé à changer lorsque la société russe Novatek a rejoint le consortium pour la production de gaz libanais. Dans la foulée, le président libanais Michel Aoun et le commandant des forces armées, le général Joseph Aoun sont devenus des partisans d’une coopération militaire avec la Russie. Novatek a certes investi des sommes relativement modestes dans le projet, il n’en reste pas moins que le secteur gazier est un domaine où il existe un litige territorial entre Israël et le Liban (et qui touche la plate-forme n° 9 en mer Méditerranée, occupé par Israël et exploité à outrance, NDLR). Israël craint que Poutine ne s’en mêle et qu’il s’empare de ces richesses gazières, fût-ce au prix d’un déploiement armé »
Et l’article d’ajouter : » Parmi les acteurs politiques libanais qui se réjouirait de l’arrivée de la Russie, il faut nommer entre autre le Hezbollah. Les coopérations entre les deux parties en Syrie ont été bien bénéfiques aussi bien au Hezbollah qu’à la Russie et le modèle pourrait se reproduire au Liban au grand dam d’Israël.
Dès lors plusieurs constats s’imposent :
Premièrement, en Syrie, la Russie dépense de l’argent, alors qu’au Liban, elle veut en gagner, ce qui attiserait sa convoitise et jouerait plus au désavantage d’Israël.
Deuxièmement, en Syrie, la Russie se tient aux côtés de l’Iran et s’oppose aux États arabes du golfe Persique contrairement au Liban où elle tend à coopérer avec ces mêmes pays arabes et là, Israël ne peut plus profiter de la complicité de ces derniers.
Troisièmement, en Syrie, il n’y a pas de courants religieux liés à la Russie, mais au Liban, Moscou se pose en défenseur des chrétiens et sans doute bientôt des chiites.
En ce sens, l’implication de la Russie au Liban est-elle dangereuse pour Israël ? Oui, dans la situation actuelle. »
L’article poursuit : » Et pour cause, grâce à son opération en Syrie, l’armée russe a renforcé sa position sur la scène politique régionale. Après l’incident Il-20, c’est le ministère russe de la Défense qui a analysé pour la première fois les faits et accusé Israël avant l’annonce officielle du Kremlin ou du ministère des Affaires étrangères. La décision d’envoyer en Syrie des systèmes de défense antiaérienne S300 a également été annoncée par l’armée russe. Toute porte à croire que la Russie commence à mettre la main sur le Liban en y envoyant des armes. Et pourquoi pas les S-300 dont le président Aoun est client?
Au fur et à mesure que les ambitions russes prennent de l’ampleur, l’armée russe se montre plus hostile à l’égard d’Israël. Et l’incident de IL-20 lui a servi de manière récurrente de prétexte. À l’heure actuelle, même une partie des experts civils russes les plus modérés appuie l’opinion de l’armée russe. C’est le cas du président du Présidium du Conseil de la politique étrangère et de défense, Fyodor Lukyanov, qui a déclaré : « Il est important de convaincre la partie israélienne que les règles de conduite sont définies par la Russie et par personne d’autre ».
Selon le site, la situation s’est encore aggravée à la mi-novembre suite aux actes de provocations israéliens contre l’axe de la Résistance en territoire occupé. Durant cette période, trois sujets faisaient la une des médias russes. Viens en premier lieu, les systèmes de défense S-300 russes mis en service en Syrie et qui se sont avérés plus puissant que le « dôme de fer » israélien.
En deuxième lieu, Israël a perdu sa supériorité technico-militaire sur ses voisins.
Vient en troisième lieu, le système de guerre électronique russe Krasukha, déployé en Syrie, qui aurait été utilisé avec succès pour brouiller le « Dôme de fer ».
Dans ces conditions, l’important n’est pas de savoir si ces affirmations sont vraies, mais bien le ton anti-israélien de la plupart des publications. Il est évident que la Russie a entamé un processus d’examen profond de sa politique israélienne – du concept de « gagnant-gagnant » qu’elle veut transformer en un jeu mutuel de somme nulle. Dans ce contexte, la perspective de l’inclusion du Liban dans la sphère d’influence de Moscou est alarmante. Si cette tendance se maintient, la tactique israélienne qui consiste à éviter l’escalade en Syrie ne fonctionne plus car Moscou y verra un signe de faiblesse »
Et l’article de conclure :
« Il semble maintenant que le président Aoun ait demandé à Moscou de prendre le Liban sous son parapluie de défense aérienne. Le bureau du Premier ministre Hariri envoie, de son côté, des messages contradictoires. On comprend alors pourquoi Poutine est lent. Tout d’abord, il souhaite recevoir de la part du Liban une demande sous une forme officielle ne laissant aucune possibilité à Beyrouth de revenir sur ses paroles. Une telle demande signifierait une victoire sur les États-Unis. Et puis l’arrivée de la Russie au Liban fera d’elle un acteur clé du Moyen-Orient. Un parapluie comprenant la Syrie et le Liban lui donnerait encore plus d’occasions de mener le jeu sur les frontières nord d’Israël. Que faire?
L’Occident peut offrir au Liban une assistance militaire à des conditions financières plus favorables que la Russie. Cependant, la Russie ne fixera pas de conditions politiques concernant l’Iran et le Hezbollah. Le Hezbollah est là pour impliquer la Russie dans le jeu. Au Liban, Poutine attend son heure. Ce qui permettrait à Israël de gagner du temps. Ceci dit la logique de la confrontation entre la Russie et l’Occident, ainsi que les tensions dans les relations russo-israéliennes, augmentent la possibilité pour que le Liban se connecte à C-3 russe »